La Banque de France par Claudy Lebreton
25 oct
Mardi matin, j'étais reçu par
Christian Noyer, le gouverneur de la Banque de France, avec des parlementaires
costarmoricains et la première adjointe au Maire de Saint-Brieuc, afin
d'évoquer la réorganisation de l'institution et ses conséquences sur les
territoires.
Le député Marc Le Fur avait proposé cette rencontre, que nous avons acceptée – je le précise par courtoisie républicaine, car je suis convaincu que la force de notre "pack costarmoricain" reposait sur la diversité de notre délégation et la solidarité affichée lors de notre discussion. Nous avons d'ailleurs rédigé un communiqué commun.
Aujourd'hui, je prends la liberté de donner mon point de vue sur cette réforme initiée par le gouverneur dès le début de l'année 2012, soit avant les échéances électorales du printemps dernier.
Je condamne les réformes qui redessinent la carte des services publics dans notre pays, mais aussi en Europe, et qui procèdent d'une approche purement comptable et financière, en oubliant les aspects sociaux et humains. Elles aboutissent à une concentration des services publics autour des métropoles au détriment des territoires ruraux.
Les exemples se sont multipliés au cours de la présidence de Nicolas Sarkozy, et nous avons ainsi assisté au démantèlement des services publics dans le cadre de la révision générale des politiques publiques (RGPP) : les cartes des tribunaux, des hôpitaux, des commissariats, des gendarmeries, des écoles des casernes militaires, etc., peuvent l'attester.
La réforme de la Banque de France, si elle est menée jusqu'au bout, affaiblira la qualité de ses services territoriaux, notamment en ce qui concerne sa mission d'assistance aux familles surendettées.
Elle prévoit le démantèlement de nombreuses succursales départementales et la suppression d'environ 2000 postes. Cela aboutira, une fois de plus, à éloigner ces services de proximité essentiels dispensés aux particuliers et aux entreprises.
Les villes d'Angers, d'Angoulême, de Chambéry, de Valence, de Saint-Brieuc sont les premières concernées et impactées par ces suppressions et ne peuvent accepter de servir de variable d'ajustement.
J'en appelle à la conscience citoyenne du gouverneur en l'interrogeant sur la nature de la société que nous voulons construire : toujours plus de productivité, moins d'agents et donc moins de présence humaine, des relations de plus en plus virtuelles avec des automates et des répondeurs… Est-ce cela le sens de cette nouvelle organisation ?
Cette institution est pourtant très bien gérée et voit chaque année une croissance de ses fonds et de ses réserves : c'est le signe d'une excellente gestion financière, grâce notamment à la mobilisation de tous les agents sans exclusive.
Toutes les parties concernées, y compris les syndicats, considèrent que le monde change, que la société évolue et qu'il convient de s'adapter, voire d'anticiper. Mais à condition que la réforme ne se fasse pas au détriment des usagers et des territoires, dont certains se sentent de plus en plus abandonnés.
Ce sentiment d'abandon, je l'ai perçu, comme d'autres, au moment des élections du printemps dernier, notamment dans les territoires ruraux ou périurbains, qui voient tous les services publics partir les uns après les autres. J'y vois, pour ma part, une des causes des montées du vote populiste. Il est grand temps de prendre une autre direction.
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