Respiration européenne par Claudy Lebreton
12 oct
Séminaire du CEPLI ce matin à Bruxelles. Le CEPLI, c’est la Confédération européenne des pouvoirs locaux intermédiaires, confédération dont je suis Secrétaire général.
Loin de nous enfermer dans de hautes sphères technocratiques comme on présente trop souvent l’Europe, ces échanges sont utiles, concrets et porteurs de sens. Lorsque la Gironde présente son agenda numérique, lorsque la Province de Palerme nous montre comment elle intègre les objectifs du protocole de Kyoto dans ses interventions, nous mesurons la réactivité, l’inventivité, l’innovation des départements, judets, powiats ou provinces.
Ces rendez-vous sont aussi l’occasion de nous inscrire clairement dans la stratégie de l’union Européenne pour 2020, une stratégie qui nous concerne plus que jamais puisque le Traité de Lisbonne a reconnu le principe de subsidiarité, c’est-à-dire la place et le rôle des collectivités territoriales dans le concert européen.
J’ai souhaité ce matin revenir devant mes collègues sur un mouvement qui se généralise en Europe : la remise en cause des pouvoirs locaux intermédiaires.
Réforme des collectivités territoriales adoptée en décembre 2010 en France ; fusion des Préfectures et des régions en Grèce ; intention de réforme publiée en juillet dernier, sans annonce préalable et suscitant une grande émotion en Hongrie ; projet de loi constitutionnelle en Italie ; réflexions en cours en Roumanie …
A chaque fois les arguments sont les mêmes, de la complexité de l’architecture territoriale – le « mille-feuille » - au gaspillage de l’argent public. Mais au moment même où le système bancaire et certains Etats comme la Grèce vacillent sous la pression de la finance et du poids de la dette, je ne suis pas certain qu’il s’agisse de la bonne approche …
Les pouvoirs locaux intermédiaires, quels que soient leurs noms, incarnent la subsidiarité, la diversité, la proximité, une certaine forme d’intelligence territoriale. Au moment où l’Europe prépare sa stratégie et son budget pour les six prochaines années, il serait suicidaire de détruire les administrations territoriales qui conduisent les politiques de santé publique, de culture, du sport, ces collectivités qui investissent, créent des emplois, innovent. Bref de détruire ces administrations qui font la cohésion sociale, qui font aussi la démocratie locale et construisent ce lien quotidien. La politique de cohésion de l’UE ne se fera pas sans ces pouvoirs intermédiaires qui pensent le rural. Parce que penser uniquement par les Villes et les Régions, c’est oublier la vie quotidienne de très nombreux européens.
Je crois en l’Europe. Là se joue probablement aussi l’avenir de nos territoires. Ces séminaires sont donc utiles, comme une forme de respiration, un recul nécessaire pour se mobiliser, ici.
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