Ma Bretagne par Claudy Lebreton
09 nov
La Bretagne a l'habitude d'un climat rude. C'est une région maritime parfois balayée par les vents et les tempêtes. Aujourd'hui, elle est confrontée à une succession de plans de restructurations industriels avec son cortège de femmes et d'hommes qui voient brutalement leur présent basculer dans la douleur et leur futur s'assombrir.
C'est une crise supplémentaire d'un certain modèle agricole breton initié dans les années 60. Il a beaucoup apporté à notre région durant un demi-siècle : de l'activité, des emplois, du développement pour nos territoires et une image attractive dans notre pays.
Aujourd'hui, le modèle est frappé de plein fouet par une économie mondialisée, un capitalisme débridé, un libéralisme sans limite, une déréglementation du travail en Europe, et tout cela dans un contexte détonnant dont il est impossible de s'extraire aussi rapidement.
Le temps de l'écoute n'est pas toujours celui de la parole. Aussi, l'urgence, ce sont d'abord les salariés et leurs familles qu'il faut aider à traverser ce moment difficile dans leur vie. En priorité, il faut leur assurer les moyens de vivre décemment, les aider à retrouver un nouvel emploi à travers un accompagnement personnalisé et des formations adaptés à leur situation. C'est de la responsabilité de notre société et de ses organisations sociales, économiques, politiques et administratives.
Parallèlement à cette situation d'urgence, il nous faut aussi travailler pour le futur, en analysant bien les causes de cette crise qui est là, en traçant des perspectives d'avenir et une vision de la Bretagne du 21ème siècle. Ce cap, nous ne le fixerons et ne le tiendrons que collectivement, en rassemblant l’ensemble des acteurs.
Je suis persuadé qu'il faut travailler au projet de nouveau modèle économique. Il ne faut pas se contenter d'aménagements à la marge. Ce serait irresponsable pour les générations futures. Il ne suffit pas, comme le réclame certains élus, d'un plan ORSEC, avec toujours plus d'argent public, moins d'impôts, moins de règles, moins d'administration, plus de libertés pour les uns et moins pour les autres.
Où va-t-on trouver cet argent lorsque les mêmes répondent qu'il faut faire des économies ? Comment diminuer le nombre de fonctionnaires et aussitôt soutenir les maires qui critiquent les fermetures d'écoles en milieu rural, l'affaiblissement des services de santé, la disparition des commerces ? Je mets en garde contre les contradictions qui profitent au court terme, contre la démagogie de circonstance qui se retourne toujours à un moment ou l'autre contre celui qui en abuse et ceux qui l'ont écouté.
Ce n'est pas le bonnet qui compte, mais plus sûrement la tête de celle ou de celui qui le porte. Le courage l'intelligence, la volonté, le devoir de vérité sont à l'honneur des femmes et des hommes qui veulent une Bretagne ouverte sur le monde, forte de ses valeurs intemporelles : la coopération, l'esprit mutualiste, la solidarité, fière de son identité, de sa capacité d'entreprendre et capable de dessiner un vrai projet de développement durable respectueux de notre environnement humain et naturel, social et démocratique, porteur de valeurs républicaines, de justice, de fierté et d'humanisme.
Autour de ces valeurs, nous pouvons réussir ensemble à créer une économie plus diversifiée, qui ne repose pas de façon disproportionnée sur une activité dominante, même essentielle.
La Bretagne a tous les atouts pour son développement. Je pense notamment au secteur du numérique, au secteur du bâtiment, au secteur de la recherche et de la santé.
Je souhaite, en particulier, que la Bretagne prenne pleinement conscience de sa vocation maritime, en découvrant ces espaces encore largement ignorés, et qui pourtant recèlent de formidables potentialités. Les océans représentent 70 % de la surface de notre planète. Nous avons la chance d'avoir une situation géographique privilégiée et stratégique. C'est une chance à saisir car c'est de là que viendra le sursaut de l'humanité.
Sur la base des valeurs que nous avons toujours portées, en prenant appui sur nos atouts maritimes et sur le développement du numérique, en accompagnant et en valorisant nos territoires ruraux, en soutenant le développement d'un modèle agricole porteur d'emplois et de qualité, nous avons les moyens de redonner force et vitalité à notre Bretagne. J'en suis convaincu. Au boulot.
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