La flamme et la cendre par Claudy Lebreton
21 fév
Dimanche à Marseille, Nicolas Sarkozy a tenu son premier discours de campagne. Que faut-il en retenir ? Des propositions, des idées, une vision pour notre pays ? Pas vraiment. Pendant plus d'une heure, le Président-candidat n'a eu de cesse de le répéter, de le marteler, de le clamer : il aime la France, il aime le peuple français. Soit.
Cela m'interroge : pourquoi Nicolas Sarkozy s'est-il senti obligé d'insister à ce point sur cet amour pour notre pays et notre peuple ? Cela ne coule-t-il pas de source lorsque l'on est Président de la République française et que l'on aspire à le rester ? Ou bien chercherait-il à se justifier, à se faire pardonner quelques décisions, quelques paroles, qui pourraient laisser planer un doute à ce sujet ?
Mais apparemment, cela n'était pas suffisant de clamer son amour pour la France. Encore fallait-il que le Président de la République s'en arroge le monopole, insinuant que d'autres, et notamment son principal adversaire, n'aimeraient pas leur pays. « Aimer la France, a affirmé Nicolas Sarkozy, c’est refuser d’accepter les 35 heures, (…) refuser de promettre la retraite à 60 ans… »
Même s'il n'est pas nommé, tout le monde aura compris que François Hollande est le premier visé. Et derrière lui, les socialistes, et la gauche en général.
Voici donc le retour de cette rengaine de la droite, vieille comme sa détestation de la gauche et de ses valeurs : celles du partage et du progrès social.
Il y a un siècle, déjà, Jean Jaurès était accusé de ne pas aimer la France, de ne pas être patriote, voire d'être un traître à la nation. Voici ce qu'il répondait à ses contempteurs : "Oui, nous avons, nous aussi, le culte du passé. (…) mais c'est nous, parce que nous marchons, parce que nous luttons pour un idéal nouveau, c'est nous qui sommes les vrais héritiers du foyer des aïeux ; nous en avons pris la flamme, vous n'en avez gardé que la cendre."
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