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La colère des Grecs : je les comprends et je les soutiens par Claudy Lebreton

16 fév

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Drapeaux Europe + Grèce - Photo AFPLe peuple grec est en colère. Les Grecs sont déçus, amers, ils se sentent humiliés, abandonnés. Montrés d'un doigt accusateur par les hauts responsables européens de la droite conservatrice et libérale, ils réagissent, parfois violemment, face au mépris affiché. Ce matin, sur France Inter, Daniel Cohn-Bendit qualifiait de "talibans" et d'"ayatollahs" ces dirigeants européens implacables, partisans d'une rigueur extrême. Je ne suis pas loin de partager son avis.

Certes, les Grecs ont leur part de responsabilité dans cette grave crise, à commencer bien sûr par leurs responsables politiques, qui ont géré avec une impéritie coupable les finances du pays et qui, pendant des années, ont camouflé les déficits. Aujourd'hui, on leur présente la facture. Mais n'est-elle pas beaucoup trop élevée ?

Nous ne pouvons faire abstraction des conséquences désastreuses que les plans de rigueur successifs, exigés par l'Union européenne, ont sur la vie de nos amis grecs. J'espère que les dirigeants de l'Europe ont pleinement conscience que la situation est explosive et pourrait dégénérer. Or, personne n'y a intérêt !

Je constate, en Grèce comme ailleurs, que quand les classes moyennes et populaires trinquent, les riches sont préservés. Aux premiers les efforts, que dis-je, les sacrifices, aux seconds les exemptions d'impôt (comme c'est le cas pour l'Eglise orthodoxe, premier propriétaire foncier du pays) et l'évasion fiscale…

Comment ces privilégiés peuvent-ils rester indifférents ? Comment peuvent-ils faire preuve d'autant d'égoïsme ? S'ils pensent que rien ne peut les atteindre, ils se trompent ! Si la violence se développe, ils seront emportés dans la tourmente, comme les autres, voire davantage que les autres.

Cette crise grecque est aussi la nôtre. L'Europe est aujourd'hui à la croisée des chemins : sommes-nous pour toujours à l'abri d'un retour de la dictature, de la guerre ou de révolutions violentes ? Je ne le pense pas. Le pire n'est jamais sûr, mais on ne peut l'exclure.

Nous ne nous en sortirons que collectivement, par la voie de la solidarité et de la coopération. La pierre angulaire consiste en un meilleur partage des richesses, plus juste, grâce à une fiscalité plus équitable, plus progressive.

Cette crise est grave, mais elle doit nous faire prendre conscience qu'un autre monde est possible, fondé sur autre chose que la recherche du profit maximal et la satisfaction éphémère et superficielle des plaisirs de la surconsommation.

Organisons un nouvel ordre économique et social, qui instaure des règles démocratiques au sein des entreprises, où les salariés seraient associés aux prises de décision, et où les écarts de salaires n'excéderaient pas le ratio de 1 à 20, voire 1 à 10. Instaurons un véritable dialogue social : notre pays souffre, selon moi, d'un déficit de culture de la négociation. C'est seulement ainsi que nous pourrons établir un nouveau pacte social, facteur de progrès humain et d'un meilleur vivre-ensemble.

Certes, le chemin pour parvenir sera long et demandera des efforts à chacun d'entre nous. Mais c'est le seul qui, à mon sens, puisse nous éviter de tomber dans l'abîme.

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Adhérent au Parti socialiste en 1975, devenu maire de Plénée-Jugon en 1977, je suis président du Conseil Général des Côtes d'Armor depuis 1997 ainsi que président de l'Assemblée des départements de France depuis 2004.

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