Dans quel pays vivons-nous ? par Claudy Lebreton
28 oct
Prakash Bhatt, marionnettiste indien, est annoncé dans la programmation de Fenêtre sur l'Inde, que le Conseil général et ses partenaires organisent en Côtes d’Armor du 29 octobre au 6 novembre.
Hier, j’ai appris que Prakash Bhatt ne sera pas présent à Saint-Brieuc car les autorités françaises n’ont pas accepté qu’il rejoigne notre pays. Avant lui, des musiciens brésiliens ou des artistes burkinabés que devaient accueillir des associations costarmoricaines avaient eux aussi connus les affres administratives de notre pays : un papier qui manque alors qu’il ne figure pas dans la liste officielle, un visa refusé au dernier moment, une recommandation des autorités françaises pour refouler un artiste…
Ce constat est partagé par de plus en plus de collectivités, d’associations, de citoyens engagés : il est aujourd’hui de plus en difficile de faire venir en France des amis, artistes, responsables associatifs ou universitaires. Il est aujourd’hui de plus en plus difficile, de plus en plus compliqué, voire ubuesque, d’accueillir dans nos régions ces autres cultures.
Cela suffit. Car, nous le savons, ces refus, sous leurs airs de simples refus administratifs, sont d’abord l’expression de choix politiques. Ils font échos aux conditions inacceptables dans lesquelles sont accueillis en France les demandeurs d’asile. Ils font échos au discours de Grenoble sur les Roms, au discours de Dakar sur l’homme africain. Loin de simples entraves ou difficultés administratives déplorables, il s’agit d’abord de choix politiques honteux qui déshonorent la France et les Français.
Qu'est devenue la tradition d’accueil de notre pays, cette France ouverte ? Pourquoi refuser ces échanges, tellement nécessaires dans un monde en crises ? Nous souhaitons, en Côtes d’Armor, faire vivre cette tradition d’accueil. Nous connaissons l’attachement des collectivités et des associations locales à la solidarité internationale, et leur engagement pour les coopérations décentralisées. Nos échanges avec le Niger, l’Inde, la Pologne, Haïti… sont autant d’échanges essentiels pour ces pays amis, essentiels pour nous aussi ; ils nous ouvrent au monde, ils nous font comprendre le monde.
Les Costarmoricains ne verront pas Prakash Bhatt à la Villa Rohannec’h ce week-end. Je le regrette amèrement. Nous ne verrons pas ses animations et ses marionnettes. Nous verrons d’autres artistes, aussi talentueux, et tout en les admirant, nous nous demanderons : dans quel pays vivons-nous ?
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