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Comprendre par Claudy Lebreton

26 mar

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Elections-Bulletin-de-voteAprès une mauvaise soirée électorale, j’ai pu prendre le recul nécessaire pour mieux apprécier les résultats de dimanche et en faire une première analyse précise.

Le premier constat qui s’impose, je l’avais prédit dès la fin de l’année passée, c’est la progression du parti des abstentionnistes depuis 1983 – hormis les scrutins présidentiels - et qui a atteint au cours de ce dimanche 36,45 % soit 3 points de plus qu’en 2008.

Il traduit la fracture qui s’est installée inexorablement, à chaque élection au gré des changements, entre nos concitoyens et la politique, entre nos concitoyens et les femmes et les hommes politiques.

Combien de fois, avons-nous entendu « je n’irai pas voter car la politique ne changera pas notre vie » ou encore « droite et gauche, c’est pareil »?

Certains font le choix de se jeter dans les bras du Front National, dans les communes où il était représenté. Je ne veux pas stigmatiser le vote des électeurs vers le FN et ainsi manquer de respect à ces citoyens et tomber dans le piège de la victimisation tendu par les dirigeants de ce parti. Je veux d’abord comprendre les raisons, multiples et de plusieurs ordres, qui amènent ces femmes et ces hommes à confier leur destin aux candidats du Front National. Il me paraît prioritaire de mener justement le combat contre le populisme et l'extrême droite sur le terrain idéologique, détailler les programmes et confronter leurs promesses insensées à l'épreuve de la réalité. Il convient dès lors de réagir avant que la gestion hasardeuse des communes par ce parti vienne remettre en cause, voire sacrifier, des politiques municipales conduites en matière de logement, d'emploi, de culture, d'aménagement… indispensables à la cohésion sociale.

D’autres électeurs ne se sont pas exprimés à l'occasion de ce vote et sont restés chez eux, ne voulant pas subir les giboulées de mars. Ce qui est avéré, c’est que l’électorat socialiste, surtout, s’est peu mobilisé par manque d'envie. D’autres raisons sont également avancées et je n’en ferai pas ici la liste exhaustive. Il est patent que la crise économique et sociale, la peur du chômage, les impôts insupportables, le monde qui change, l’Europe si lointaine, les mauvais sentiments ont été bien présents dans l’esprit des Français comme des Bretons.

Dans ce contexte, la bonne nouvelle, c’est le succès constaté par la présence de femmes plus nombreuses lors de ces élections - c’est le progrès historique de la parité et l’adaptation des électrices et des électeurs au nouveau mode de scrutin dans les communes de plus de mille habitants. Et pourtant, que n’avait-on écrit sur le sujet ?

112 femmes ont conduit des listes en Côtes d’Armor, j’en suis heureux et fier.

Quant aux résultats, j’y arrive. 87 communes de plus de 1 000 habitants ont vu leur majorité de gauche élue dès le premier tour pour 52 à droite. Un gain de 13 communes pour la droite et le centre, 5 pour la gauche.

Enfin des ballottages favorables pour les plus grandes villes des Côtes d’Armor, à Guingamp, Lannion, Plestin-les-Grèves, et des duels encore serrés mais indéterminés à Dinan, Perros-Guirec, Erquy, Saint-Cast et Ploubalay.

Pour autant, nous ne sommes qu'à la mi-temps du match électoral et rien n’est encore définitivement joué, bien au contraire!

Des questions demeurent : quelle sera la mobilisation du second tour ? Y aura t-il un effet balancier ou la volonté d’une sanction plus forte ? Nous le saurons dimanche prochain dans la nuit.

Que pensent les Français de notre pays, dans les grandes villes, au sein des petits villages, au sein de nos campagnes ?

Incontestablement, une crainte, voire une angoisse, face au monde qui vient et les adaptations qu'il impose. Une peur de la globalisation, très sûrement, synonyme trop souvent de baisse des salaires, d’affaiblissement des services publics, d’atteinte à la protection sociale, d’un chômage qui ne cesse de progresser, d’un déclassement de la France et des Français, enfin, la peur de l’autre voire du pire à venir.

Je suis convaincu que les réformes sont nécessaires, ici comme ailleurs, pour s’adapter mais surtout pour construire un nouveau monde, différent, où le numérique bouleverse nos vies et nos relations, où l’écologie est essentielle à la vie sur terre, où le travail change et des métiers nouveaux émergent, où la mobilité des individus s’accroît à l’échelle de notre planète, où les migrations s’accélèrent… Tout cela est en gestation, à un rythme accéléré.

Mais ces changements ne veulent pas dire, bien au contraire, qu’il faut vouer aux gémonies les valeurs intemporelles que sont l’égalité réelle, la justice sociale, la solidarité territoriale, la fraternité humaine, et tant d’autres convictions auxquelles nous sommes attachés.

Je vois dans nos atouts et nos qualités, notre créativité et notre esprit de responsabilité, des opportunités de changement, d’évolution et de progrès - à condition que chacune et chacun y trouve sa place sans laisser personne au bord du chemin.

Vous pouvez penser « c’est facile pour lui de l’écrire » mais tant que j’aurai le souffle de la vie, je continuerai à me battre pour faire reculer l’injustice, me battre contre l’innommable, combattre le racisme et la xénophobie, imposer le droit et la régulation aux forces de l’argent qui avilissent trop souvent sans respect de la vie d’autrui, le droit à la place de chacun et la possibilité de choisir pour soi et sa famille.

Lundi prochain, nous prolongerons encore notre analyse, elle est nécessaire car je veux comprendre notre pays réel, mes concitoyens et leurs aspirations, leurs expressions, car c’est à ce prix que nous pouvons vivre en paix avec les autres et avec nous-mêmes.

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Adhérent au Parti socialiste en 1975, devenu maire de Plénée-Jugon en 1977, je suis président du Conseil Général des Côtes d'Armor depuis 1997 ainsi que président de l'Assemblée des départements de France depuis 2004.

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