Légitime dépression par Claudy Lebreton
04 mar
Lorsqu'une nouvelle majorité accède au pouvoir, les partis qui le quittent essuient généralement une période de dépression. C'est dans l'ordre naturel des choses en politique. C'est dans l'ordre naturel des choses en politique. Je ne cherche pas à rassurer les conservateurs libéraux de France, toute opposition a vocation à se reconstruire. La question, c'est : « combien de temps pour cela ? » Plusieurs défis doivent être relevés : construire un vrai projet pour la France, ses territoires et les Français ; composer une équipe rajeunie avec un leader incontesté ; se rassembler pour unir une nouvelle majorité de Français...
Mais il est également nécessaire de dresser un bilan de son action à la tête du pays, sans faux fuyant et avec objectivité : c'est le fameux « droit d'inventaire », et je dirais même devoir d'inventaire. L'exercice est, pour cette droite, plus que nécessaire...
L'écueil actuel de l'opposition, c'est la droite frontiste : comment s'en rapprocher sans faire fuir les centristes aux valeurs libérales et sociales, rétifs à toute alliance qui fait peur à son électorat ? Comment unir et ne pas diviser ?
Comme souvent dans ces cas-là, la posture la plus facile est de taper sur le gouvernement sans retenue, pour faire taire ses divisions internes. Pourtant, la droite n'est pas très bien placée pour donner des leçons à l'actuelle majorité : il y a neuf mois à peine, elle était encore à la manœuvre et affichait, à la veille des élections, un bilan bien peu glorieux : un million de chômeurs supplémentaires en cinq ans, une dette publique qui a cru de façon colossale (+ 600 M€ entre 2007 et 2012), un déficit commercial record (71 milliards en 2011). Ces temps ne sont pas si lointains, mais il semble que certains aient la mémoire très courte...
Autre posture parfois caricaturale : la droite se veut désormais la championne de la défense de la ruralité. Selon leurs dires, la gauche et les socialistes sont de culture urbaine, ils n'aiment pas le monde rural. C'est méconnaître la ruralité de notre pays. Dans mon département, comme dans beaucoup d'autres, je constate le regain de natalité de nos communes rurales. Depuis plus de dix ans, la croissance démographique profite aux petites villes de France et à leurs territoires environnants. Cadre de vie, qualité des relations humaines, environnement préservé, identité retrouvée sont autant d'atouts pour accueillir de nouveaux habitants.
Ainsi, la sociologie des ces territoires a beaucoup évolué ; les idées de progrès et les valeurs de gauche y ont beaucoup prospéré pour s'enraciner peu à peu dans ces espaces et durablement.
Aussi, personne n'est dupe de l'attitude de récupération voulue par ces nouveaux adeptes de la défense de ces territoires qui seraient oubliés, ce qui est loin d'être la vérité. Surtout, il serait dur pour la droite que je rappelle l'affaiblissement des services publics depuis dix ans : la réforme de la carte judiciaire, la fermeture des écoles, des perceptions, l'abandon de nombreux services au profit de l'économie marchande... Or, ce sont les territoires ruraux qui ont le plus souffert de cette « réduction générale de la présence publique »...
Alors si j'avais quelques conseils à donner à la nouvelle opposition, ce serait : un peu de retenue, de modestie et d'objectivité. Et surtout, beaucoup de travail...
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