Liberté et responsabilité par Claudy Lebreton
12 sep
Depuis quelques jours, quand
je lis les titres de la presse et quand j'écoute les radios, je m'interroge sur
notre capacité collective à faire évoluer nos mentalités et à changer en
profondeur notre société. Et je comprends mieux les raisons pour lesquelles les
Européens se gaussent de nos travers, dont nous ne savons nous départir. Ils
rient sous cape de nos médias qui ne font que "surfer" sur les sujets
d'actualité pour ne s'intéresser qu'à l'écume des vagues.
En effet, selon nos brillants éditorialistes – qui prétendent connaître les attentes de nos concitoyens et faire l'opinion publique – les ministres sont "nuls", le Président de la République attentiste et le Premier ministre manque d'autorité. Moins de quatre mois après la nomination du gouvernement, l'impatience est – déjà ! – à son comble : il y a le feu, les incendies se déclarent partout, la maison brûle… Mais que font les pompiers ?
Oui, il faut répondre aux urgences économiques et surtout sociales. Assurément. Mais il faut surtout changer de culture, de regard sur la société, être dans son siècle.
A cet égard, le Président François Hollande a prononcé un discours essentiel lors de la conférence sociale, au début du mois de juillet, au Conseil économique, social et environnemental. Il faut, nous a-t-il dit hier soir encore sur TF1, apprendre et intégrer la culture de la négociation, rechercher le compromis positif dans le temps et la durée. Ca ne se décrète pas, ça se construit partout et en tout lieu. Dans les écoles, dans les entreprises, dans les collectivités, dans les associations avec le mouvement social… La démocratie sociale requiert un long apprentissage. Dans un pays comme le nôtre, on peut même parler de véritable révolution culturelle.
Il nous faudra des années pour changer et nous approprier cette culture de la négociation, sortir enfin de cette pseudo concertation, qui n'est en réalité qu'une consultation, souvent conduite à la hâte et dans la précipitation. Le gouvernement et le parlement doivent en fixer le cadre et les principes républicains, et laisser les partenaires sociaux échanger, confronter les points de vue et composer.
Depuis des années, on ne cesse de vanter les mérites du dialogue social des pays du Nord et de l'Allemagne, mais lorsqu'il s'agit de l'instaurer réellement dans notre pays, on se heurte à une incompréhension totale. Pourtant, il en va du succès de nos réformes, qui sont attendues et légitimes, la méthode et la stratégie étant aussi importantes, voire déterminantes pour y arriver.
Si les élus nationaux et territoriaux ont des responsabilités, les élus syndicaux et patronaux doivent s'engager sans réserves dans une telle démarche, sans oublier le milieu associatif, dont les responsables attendent et espèrent beaucoup de ce changement de culture et de méthode.
Partout où je m'exprime sur ce sujet, je rencontre une attention soutenue et même une véritable adhésion.
Aussi, je pense à la fonction des médias et au rôle important qu'ils assument dans notre société. Leur liberté n'est pas discutable, mais leur responsabilité ne l'est pas moins, qu'il s'agisse de l'exigence de vérité et d'objectivité et de la pédagogie de l'information. Ces médias doivent susciter la réflexion individuelle, et ne pas se satisfaire d'une approche trop superficielle ou se contenter de slogans chocs.
La compréhension du monde dans lequel nous vivons exige de tous un effort d'apprendre, d'écouter, de réfléchir et de confronter avec les autres.
Aujourd'hui, je suis perplexe, voire révolté parfois, mais ma détermination est intacte face à cet enjeu essentiel qu'est la démocratie sociale. Je suis convaincu, pour ma part, que c'est la clef du sursaut, du redressement et du progrès pour notre pays. Elle est synonyme de renforcement des libertés, mais aussi de la responsabilité de chacun.
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