Parlons culture par Claudy Lebreton
18 juil
J'étais en ce début de semaine au Festival d'Avignon, en tant que Président de l'Assemblée des Départements de France. Au programme, spectacles, rencontres, mais également (et surtout !) plusieurs ateliers et conférences pour discuter des politiques publiques en faveur de la culture. Et un premier constat : le formidable succès de la rencontre des onze associations d’élus territoriaux, qui a rassemblé plus de 500 participants (citoyens, élus, fonctionnaires, créateurs, syndicats, fédérations d’éducation populaire …) dans la cour du cloître Saint-Louis lundi, a confirmé que les collectivités étaient très attendues !
Alors qu’elles prennent désormais en charge 70% du financement des politiques culturelles de notre pays, il est en effet indispensable que le gouvernement et la nouvelle ministre de la culture restaurent une confiance entre l'Etat et les collectivités gravement mise à mal par le gouvernement précédent.
Le respect de la diversité culturelle et de la décentralisation culturelle sont, selon moi, les conditions de la démocratisation culturelle. Cela signifie que l’Etat doit se donner les moyens de ses propres politiques culturelles, sans nécessairement compter sur les collectivités pour les financer. Cela signifie également préserver les libertés locales, sans imposer de schémas aux élus, par exemple sans ériger les DRAC (Directions Régionales des Affaires Culturelles) en « contrôleurs » des politiques publiques de la culture. Au contraire, c’est une véritable culture de la négociation qu’il faut désormais favoriser, respectueuse des prérogatives, engagements et volontés de chacun.
L’Acte III de la décentralisation, que je préfère appeler « de démocratie locale », est donc très attendu pour conforter aussi cette dimension locale des politiques culturelles et préserver le libre exercice de la compétence culturelle des collectivités.
Parler culture, c’est parler de nombreux sujets – on a pu le mesurer encore tout au long de ces deux journées. C’est parler éducation par exemple : il est en effet indispensable de remettre en chantier l’éducation artistique et culturelle à l’école. Au cours de sa campagne, François Hollande avait fait des enseignements artistiques et culturels un engagement prioritaire de son programme. La dimension culturelle de l’éducation doit être au cœur de la rénovation de l’Ecole de la République.
La culture, c’est aussi l’Europe. C’était tout le sens de l’atelier auquel j’assistais mardi. En effet, l’Europe a fait une entrée remarquée dans les politiques culturelles locales ces derniers mois, avec l’impact des règles communautaires limitant l’espace des politiques publiques au profit de la libre concurrence. Alors que le récent paquet « Almunia » considère la culture comme une activité de nature économique, la commission culture du Sénat a mis en place une mission sur ce seul sujet, ayant pris la mesure du risque pour tout un pan de nos politiques culturelles locales.
On le voit, il est désormais urgent de dessiner les contours du bien public européen, comme il existe en France un intérêt général et des services publics, y compris pour la culture. La France s’est toujours singularisée au niveau européen, en particulier pour défendre son « exception culturelle ». Aujourd’hui, il importe de bien mesurer, sincèrement, tout ce qu’elle apporte à notre pays, à son dynamisme, à son vivre ensemble. C’est tout le sens notamment de la proposition que j’ai formulée pour que s’engage un travail sur les retombées économiques de la culture.
Deux journées riches, donc, d'un point de vue artistique et culturel bien sûr, mais aussi sur le plan des idées politiques, avec des échanges passionnants, et des gens passionnés.
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