Instaurer enfin un vrai dialogue social par Claudy Lebreton
11 juil
Je participais hier et avant-hier à la conférence sociale, voulue par le président François Hollande, qui en ouverture, lundi, a insisté sur la nécessité de développer une "vraie culture de la négociation sociale", ce qui implique d'établir un climat de confiance entre partenaires sociaux, dans le but de parvenir à un "compromis positif pour sortir par le haut des épreuves qu'on traverse".
Pendant ces deux journées, il a été question de l'emploi, du redressement productif, de la rémunération des salariés, de la formation professionnelle, du coût du travail, de l'égalité professionnelle femmes-hommes, du financement de la protection sociale et des retraites… Je participais pour ma part à l'atelier consacré au développement de l'emploi et en particulier celui des jeunes.
"Le dialogue social sera la marque de fabrique de mon gouvernement", a affirmé, quant à lui, le Premier Ministre Jean-Marc Ayrault, dans son discours de clôture.
La droite y a vu de "l'esbroufe", estimant que rien ne sortirait d'une telle conférence. Laurent Wauquiez a jugé qu'une telle méthode n'était pas efficace. Ce à quoi je répondrais qu'il ne faut pas confondre rapidité et efficacité. A François Fillon qui a déclaré que "l'économie française n'avait pas un an à attendre" – propos pour le moins curieux de la part de celui qui gouverna notre pays durant les cinq dernières années… –, je rappellerais que les négociations pour la réforme du système de retraites en Suède – pays qui n'est pas un contre-modèle en matière d'efficacité économique et sociale – ont duré plus d'une dizaine d'années.
Certes, la discussion, la négociation, le compromis, en un mot : la démocratie demande parfois du temps. Mais jusqu'à présent, ce système – "le pire à l'exception de tous les autres" comme disait Churchill – a montré son incomparable supériorité sur l'autoritarisme, qui n'a que l'apparence de l'efficacité. Pour ma part, je considère comme Jean-Marc Ayrault, que "le temps du dialogue est un temps utile et efficace", et que plus une mesure suscite l'adhésion, plus elle a des chances d'être bien appliquée. A contrario, le passage en force, qui fut largement usité par le précédent gouvernement, est selon moi une méthode à courte vue.
De telles réactions montrent la faiblesse de la culture du dialogue social et du compromis en France. C'est, selon moi, un vrai point faible de notre pays. Le Président de la République et le chef du Gouvernement veulent y remédier. Cela ne se fera pas en un jour : il nous faudra apprendre de nouveaux modes de fonctionnement – ce qui prendra du temps – et, surtout, perdre nos mauvaises habitudes – ce qui prendra encore plus de temps ! Mais comme Saint Augustin, je pense qu'"il vaut mieux suivre le bon chemin en boitant que le mauvais d'un pas ferme"…
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