Le logement en débat au Conseil général par Claudy Lebreton
27 juin
Au lendemain de la décision modificative examinée et votée lundi par l'Assemblée départementale, le logement était, hier, au cœur des débats du Conseil général.
Avec Paule Quéméré, Vice-présidente du Conseil général en charge du logement, j'ai en effet souhaité que nous abordions cette question, qui, loin d'être simplement technique – et parfois complexe –, est éminemment politique. Regardons par exemple le clivage très net existant entre la gauche et la droite sur la loi SRU, adoptée par le Gouvernement Jospin en 2000, et qui prévoyait un quota de 20 % de logements sociaux dans toutes les zones urbaines. Au cours de ces dix dernières années, la droite a tout fait pour rendre ce texte de loi inopérant, tandis que François Hollande s'est, au contraire, engagé à le renforcer.
Pour ma part, je considère que les collectivités territoriales doivent prendre toute leur place dans ce débat. Avec l'ADF, je propose, dans le cadre du nouvel acte de décentralisation qui interviendra au cours de cette mandature, de confier cette politique aux Départements.
Certes, le Conseil général des Côtes d'Armor a fait le choix, qui peut sembler paradoxal, d'abandonner la délégation des aides à la pierre au 1er janvier 2011. Mais ce paradoxe n'est qu'apparent : je suis en effet convaincu que c'est aux collectivités d'assumer pleinement cette compétence ; or, déléguer, ce n'est pas transférer : si nous voulions agir véritablement, ce dispositif était, selon nous, trop rigide, peu adapté à la situation actuelle et à nos ambitions.
Comme chacun sait, les enjeux liés au logement sont aujourd'hui considérables. Il y a nécessité de construire énormément de logements, de l'ordre de 500 000 par an.
Ces nouveaux logements devront impérativement être écologiques alors que l'augmentation du coût des énergies est irrémédiable. Il nous faut donc aller le plus vite possible vers des logements "passifs", c'est-à-dire ne consommant pas, ou presque pas, d'énergie externe.
Mais la construction de nouveaux logements, même écologiques et très économes en énergie, doit se faire tout en limitant la consommation des terres agricoles, qui ne cesse de progresser en France, et davantage encore en Bretagne. La solution passe notamment par une densification de l'habitat. L'architecte et urbaniste Benoît Le Foll est venu nous expliquer, dans une intervention très dynamique, le concept "Bimby" ("Build in my backyard" – "construis dans mon jardin"), qui consiste à diviser des parcelles déjà bâties, mais suffisamment grandes pour pouvoir accueillir une nouvelle maison, voire deux dans certains cas.
Toujours dans une optique de densification de l'habitat et de préservation des terres agricoles, Henri Le Pesq, directeur du CAUE, nous a expliqué que "le vrai éco-quartier, c'est le bourg". Alors que pendant trop longtemps, nous avons privilégié l'extension urbaine, la réhabilitation des logements en centres-bourgs constitue aujourd'hui un enjeu majeur dans un département rural comme les Côtes d'Armor. Ce qui implique nécessairement de nouvelles formes de co-habitation – comme par exemple l'autopromotion, c'est-à-dire un projet immobilier porté par les futurs habitants. A chaque fois – densification, logements économes, réhabilitation – l’habitant, locataire ou propriétaire, doit être au cœur du projet, il doit en être un acteur.
S'interroger sur les logements que nous proposons dans notre département, ce n'est donc pas uniquement parler de mètres carré de terrain, de techniques d'isolation ou de concepts urbanistiques, c'est bel et bien penser, ou repenser, notre vivre ensemble. Le Conseil général des Côtes d'Armor ne pouvait passer à côté de cette question fondamentale.
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