Comme un air iodé ... par Claudy Lebreton
25 mai
Moi qui suis de cette terre de Sarthe, j’ai découvert la mer. Je ne l’ai pas côtoyé. Je n’ai pas grandi avec elle. Je l’ai découverte. Et je m’en souviens. Subjugué. Emerveillé. Fasciné. Apeuré. Chacun a ses propres mots pour dire cette découverte et la beauté de ce vaste espace. Certains l’expriment par des textes magnifiques –Baudelaire, Pierre Loti, Victor Hugo et d’autres-, certains en font leurs métiers, en font leur passion.
Christian le Provost avait cette passion. Océanographe originaire de Plérin, son métier était sa façon à lui de dire et de raconter la mer. C’est en sa mémoire, en souvenir de son engagement, qu’en 2009, le Conseil général, l’Association que préside son épouse, et de nombreux partenaires scientifiques ont crée un prix, devenu Grand prix de l’Académie des Sciences dès 2010.
En remettant le prix « Christian Le Provost » à une jeune chercheuse de l’IRD (l’Institut de Recherche et de Développement), Sophie Cravatte, ce matin, au Conseil général, en présence notamment de Philippe Taquet, Vice-président de l’Académie des sciences, c’est aussi cette passion de la mer que nous avons honorée.
Au cœur de ses travaux : le phénomène « El Nino », un phénomène exceptionnel qui nous rappelle les interactions incroyables qui existent entre la vie d’un océan, l’atmosphère, la biodiversité marine et terrestre, la vie et les activités humaines. On l’a vu dans l’histoire, El Nino peut être dévastateur. Il peut, en quelques semaines, bouleverser tout un continent, tout un écosystème. Il peut remettre à plat nos certitudes et conforter nos inquiétudes.
De tels travaux, tout scientifiques qu’ils sont, avec leurs langages, leurs formules, leurs opacités parfois pour des novices comme moi – mais la politique aussi a sa part d’opacité ! -, ne sont pas seulement utiles ou intéressants, ils sont nécessaires ; ils nous disent, à leurs façons, d’où nous venons et, finalement, vers où nous pouvons – nous devons - aller.
« C’est en allant vers la mer que le fleuve reste fidèle à sa source » disait Jean Jaurès.
C’est donc ça le prix « Christian Le Provost », un remerciement que nous destinons à toutes celles et tous ceux qui nous font goûter un peu de cette eau salée, qui nous font aimer un peu de cet air iodé, un remerciement à toutes celles et tous ceux qui, finalement, nous permettent de rester fidèle à la source.
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