"Rendons la parole aux Français" : c'est Sarkozy qui le dit ! par Claudy Lebreton
06 avr
Nicolas Sarkozy a dévoilé hier son projet, décliné en 32 propositions. La première d'entre elles consiste à "rendre la parole aux Français, en sollicitant leur avis par référendum quand ce sera nécessaire pour surmonter les blocages".
Rendre la parole aux Français ? C'est donc que le Président candidat considère que celle-ci leur avait été confisquée. Depuis combien de temps ? Cinq ans ? Dix ans ?
Je remarque en effet qu'aucun référendum n'a été organisé au cours du dernier quinquennat, à la différence de ce qu'il s'était produit lors des mandats présidentiels précédents (François Mitterrand a consulté les Français en 1988 et en 1992, Jacques Chirac en 2000 et en 2005).
Certes, le référendum n'est pas le seul moyen d'entendre la voix du peuple français. Mais pour un président qui se réclame du général de Gaulle, cette pratique du pouvoir semble bien éloignée de la tradition gaulliste – sur ce point comme sur beaucoup d'autres, d'ailleurs : pensons par exemple à la réintégration de la France dans l'OTAN.
Nicolas Sarkozy a pourtant eu une véritable occasion de consulter directement les Français, notamment lors de l'adoption du Traité de Lisbonne. Il ne l'a pas fait, alors que moins de trois ans après le rejet du Traité constitutionnel européen par référendum, cela eut été légitime. Cela n'aurait pas non plus été incongru, bien au contraire, qu'il demande aux Français leur avis sur la réforme des retraites… Mais non !
Mais aujourd'hui, à quelques semaines des élections, le candidat sortant semble pris d'une frénésie référendaire : après avoir envisagé de consulter les Français sur les demandeurs d'emplois, il a annoncé, par la voix de la ministre du budget, Valérie Pécresse, qu'il convoquerait un référendum en cas de désaccord avec les collectivités locales sur leur contribution à la réduction du déficit public.
Ne parvenant pas à vaincre le chômage, Nicolas Sarkozy s'attaque aux chômeurs. Ne pouvant réduire les déficits et la dette, il s'en prend aux collectivités… qui sont pourtant responsables de moins de 10 % de l'endettement de la France et de… 1,4 % du déficit public en 2011 !
Nicolas Sarkozy, le président qui aura fait passer la dette publique de la France de 1200 à 1700 milliards d'euros au cours de son mandat – soit une dégradation sans précédent des comptes publics sous la Ve République –, veut rendre la parole aux Français ? Qu'il n'en doute pas : ils s'exprimeront haut et fort les 22 avril et 6 mai prochains…
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