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De qui se moque-t-on ? par Claudy Lebreton

13 jan

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Le Président de la République a annoncé hier qu'il souhaitait convoquer les associations pluralistes d'élus locaux afin d'évoquer leur participation à la réduction des déficits publics.

Après avoir méprisé pendant des années les élus territoriaux et leurs associations pluralistes qui demandaient une rencontre sur l’évolution financière dramatique des départements, le Président nous convoque aujourd'hui, à quelques mois des élections… La ficelle est un peu grosse !

Après avoir creusé la dette de l'Etat comme jamais, Nicolas Sarkozy veut nous associer à la réduction des déficits publics. Est-il au courant que l'endettement des collectivités (Régions, Départements et Communes) est stable depuis les lois de décentralisation de 1982 et qu'il représente moins de 10 % de la dette publique totale – contre 80 % pour l'Etat…

Après avoir étranglé financièrement les collectivités, et notamment les Départements, en rognant, année après année, sur les compensations financières des compétences transférées, aujourd'hui, il nous en demande encore plus.

Après un discours de stigmatisation des élus, incapables de gérer les collectivités, il en appellerait aujourd’hui à un « dialogue républicain, responsable et raisonnable ». Qui peut croire en sa sincérité ?

Quel est ce Président qui se targue de supprimer des postes de fonctionnaires d’Etat, affaiblissant ainsi le service public de l’éducation, de la santé, de la sécurité, alors que, heureusement, dans nos territoires, les élus locaux tentent de maintenir les services publics partout où c’est nécessaire, dans nos communes, nos villes, nos départements, nos régions ?

Quel est ce Président qui parle des créations de postes dans les collectivités en "oubliant" de mentionner les 100 000 fonctionnaires de l’éducation (TOS) et de l’Equipement (routes et Parcs) transférés aux Départements et Régions en 2006, en omettant sciemment d’évoquer tous les transferts de responsabilités jusque là assumées par l’Etat à de multiples agences, telles que les Agences régionales de santé ?

Parce qu’ils interpellent notre démocratie, ces débats mériteraient bien mieux. Ils ont besoin de clarté, d’objectivité, de sincérité.

Je considère pour ma part que les agents qui remplissent quotidiennement les missions de service public, ne sont pas une charge mais un investissement, porteur de solidarité, de cohésion sociale, d’humanité.

Peut-on croire vraiment que les deux millions de femmes et d’hommes qui travaillent chaque jour auprès des personnes retraitées et handicapées, des emplois non délocalisables, répartis sur tout le territoire national et dans la totalité des départements de France et d’outre mer, sont superflus ? S'agit-il vraiment de dépenses déraisonnables ?

Peut-on croire vraiment que les 45 milliards d’euros investis chaque année par les collectivités sont déraisonnables ? Demandez, Monsieur Le Président, aux patrons des entreprises du secteur du bâtiment et des travaux publics si cet investissement est superflu ! Vous entendrez leur réponse unanime : « investissons » ! Voilà ce qu’ils demandent.

Alors, assez de démagogie électoraliste. Reconnaissez, Monsieur le Président, qu’aujourd’hui plus aucune politique nationale n’est possible sans le concours des collectivités territoriales, que vous en avez besoin pour assurer la protection sociale, la sécurité de nos concitoyens et le développement de nos territoires.

Prenez conscience, Monsieur le Président, que notre rôle est vital pour notre pays, que les entreprises, les associations, les artistes et les sportifs ont besoin des collectivités locales.

La France, c’est aussi ses collectivités, la force de sa démocratie territoriale, une démocratie que l’on ne peut bafouer, stigmatiser, dénoncer. Le faire, c’est faire mal à la France, c’est faire mal à la République, c’est faire mal à notre avenir commun.

Un Etat moderne, Monsieur le Président, doit s'appuyer sur ses collectivités, ses élus de proximité, ses services publics ; c'est ce que font tous les grands pays démocratiques, à commencer par l'Allemagne, et cela leur réussit.

Alors oui à un dialogue républicain, responsable et raisonnable, mais restaurez d’abord la confiance, qui a tant manqué tout au long de votre mandat. Vous ferez là un grand pas vers l’humilité et la modestie, qui sont l’apanage de la sagesse.

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Adhérent au Parti socialiste en 1975, devenu maire de Plénée-Jugon en 1977, je suis président du Conseil Général des Côtes d'Armor depuis 1997 ainsi que président de l'Assemblée des départements de France depuis 2004.

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