Le plan de régression sociale du gouvernement par Claudy Lebreton
08 nov
Le Premier ministre a annoncé hier une série de mesures visant à réduire les déficits publics. Après avoir longtemps nié l'évidence, François Fillon reconnaît désormais mener une politique de rigueur. "Rigueur", un mot bien doux pour caractériser ce qui constitue, selon moi, une véritable régression sociale. Jugez-en :
- accélération de la réforme des retraites avec départ différé pour les personnes nées entre 1952 et 1956 ;
- réduction des dépenses de santé ;
- gel de nombreuses prestations sociales, ce qui va entraîner une perte de pouvoir d'achat pour les personnes concernées ;
- augmentation du taux réduit de TVA, qui va passer de 5,5 % à 7 %.
Certes, ce nouveau plan d'austérité prévoit également une majoration de 5 % de l'impôt sur les sociétés pour les entreprises dont le chiffre d'affaires est supérieur à 250 millions d'euros, ainsi qu'une hausse de la taxation sur le capital. Mais si ces mesures vont dans le bon sens, elles restent à mes yeux largement insuffisantes : le compte n'y est pas !
Ainsi, un article, paru sur le site Internet du journal Le Monde, souligne que "les nouvelles hausses d’impôts pèseront à 86% sur les ménages en 2013", et principalement ceux des classes moyennes et populaires.
D'autre part, et surtout, comme le rappelle fort justement François Hollande dans un entretien à Libération, "depuis le début du quinquennat de Nicolas Sarkozy, 75 milliards de recettes fiscales ont été perdus, en raison d’allégements en faveur des grandes entreprises et des ménages les plus favorisés."
"Il eut été légitime, poursuit François Hollande, de récupérer une partie de ces sommes accordées sans résultat tangible sur l’économie réelle. Or, plutôt que de s’engager dans cette voie, le gouvernement poursuit une politique faite de bricolages et de rapiéçages avec la création d’un taux intermédiaire de TVA qui n’épargnera pas les classes populaires".
Par ailleurs, je relève que Monsieur Fillon n'a fait mention que d'une seule mesure en direction des collectivités territoriales, sans incidence financière puisqu'il s'agit d'un "effort de transparence" en matière d'effectifs !
Cette demande est pour le moins étrange, car l’ensemble des décisions des collectivités territoriales sont prises lors d’assemblées publiques et font l’objet d’une publicité. De plus, la publication de leurs effectifs relève déjà d’une obligation légale. A ce propos, il est bon de rappeler que la Cour des Comptes, elle-même, notait dans son rapport sur « les effectifs de l’Etat 1980-2008 » que « La croissance des effectifs a été mieux maîtrisée dans les départements, où elle est surtout sensible depuis l’acte II de la décentralisation. »
Rappelons également que les collectivités ne sont responsables que de 9 % de la dette publique française (contre 80 % pour l'Etat) et que leur endettement est resté stable depuis les lois de décentralisation de 1982-83 (autour de 7-8 % du PIB) : ces chiffres sont facilement consultables sur le site de l'INSEE.
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