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Interview au Journal des Entreprises des Côtes d'Armor par Claudy Lebreton

12 nov

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208227_lebreton2-20131030-jd221Le mensuel du mois de novembre 2013 du Journal des Entreprises des Côtes d'Armor publie l'entretien que j'ai accordé à Julien Uguet, journaliste, que je vous retranscris ci-après (mais également disponible sur le site du JDE):

Attractivité, écotaxe, soutien à l'aéroport de Lannion, etc.  Le président du conseil général aborde sans détours les sujets économiques du moment. Claudy Lebreton annonce notamment un renforcement de l'agence CAD 22 et une nouvelle gestion des aides aux entreprises.

 

 Satisfait de ce report de l'écotaxe ?

En l'état actuel des choses, la suspension de l'écotaxe est un geste fort de la part du gouvernement. Dans ce climat plus serein, il est désormais nécessaire que tous les acteurs bretons se remobilisent au plus vite pour préparer l'avenir de la Bretagne.

 

 

À l'origine, vous étiez favorable à ce dispositif ?

Au sein de l'assemblée des départements de France, que je préside, nous avions trouvé des éléments favorables puisqu'une grande partie des recettes de l'écotaxe allait à l'agence de financement des infrastructures de transport. Je le dis à l'opposition départementale : l'écotaxe peut nous permettre de finir la RN 164. Toutefois, il faut reconnaître que le contexte actuel pèse. Les conditions de mise en oeuvre ne sont pas réunies. L'écotaxe est devenue un combat emblématique. Nous sommes sortis d'une approche rationnelle pour passer dans le passionnel, dans le symbolique. Cela ressemble au combat mené par les Bretons dans les années 1970 sur les montants compensatoires monétaires.

  

Le modèle breton est-il encore adapté aux réalités actuelles ?

L'un des problèmes de la France est de ne pas accepter le fait que nous évoluons dans un monde qui a changé. Le modèle breton a fonctionné mais à un moment il nous a échappé. Aujourd'hui, nous payons pour aider au développement et créer des emplois, mais dans le même temps nous payons pour corriger les conséquences de ce soutien. Un des défis de notre territoire est d'imaginer le projet et le modèle économique du 21e siècle. Il faut peut-être pour cela s'inspirer de ce qui se fait ailleurs en Europe. L'autre enjeu de la Bretagne est de parvenir à une véritable diversification. Nous devons sortir de cette économie dominante tournée autour de l'agroalimentaire et l'agriculture. C'est une force mais il existe aussi des secteurs porteurs comme l'artisanat, les énergies marines renouvelables, les télécoms, etc.

 

Dans ce contexte mouvant, les Côtes-d'Armor doivent apprendre à s'adapter...

Effectivement d'autant plus que notre situation financière est globalement délicate. Je regrette que la loi sur la décentralisation ne soit pas allée plus vite, notamment dans une logique de clarification des compétences. Il est acté que la région va devenir chef de file au niveau économique. Aux départements de repenser leur position en la matière en gardant dans le viseur deux compétences centrales : le social et le développement local. La crise nous oblige à bouger, alors bougeons !

 

Comment cela va se traduire pour votre collectivité ?

Dans le prochain budget, il y aura des orientations et des choix de politiques économiques que nous n'allons plus faire. C'est aujourd'hui dans la tête du président mais j'espère convaincre ma majorité d'aller vers cela.

 

Pourtant, les négociations en cours sur les allocations sociales devraient vous être favorables ?

Pour notre territoire, c'est entre 15 millions d'euros et 30 millions d'euros supplémentaires attendus. Toutefois, dans un souci de bonne gestion, j'ai demandé à mes équipes de préparer le budget 2014 comme si nous ne les avions pas. Ce sera une bonne nouvelle, une bouffée d'oxygène qui sera mise sur l'investissement au service de l'emploi.

 

Quelles seront les priorités ?

Premièrement, l'économie sociale et solidaire, notamment celle tournée vers les personnes âgées et les personnes en situation de handicap. Ce secteur représente 7.500 emplois induits. Ce soutien est d'autant plus stratégique que le conseil général est le financeur des aides sociales. Deuxièmement, je veux retrouver de la capacité de financement dans l'investissement public qui est passé de 150 millions d'euros à 87 millions en sept ans. Nous pourrons poursuivre la rénovation des collèges, participer aux projets d'infrastructures routières. Cela impactera de manière directe le bâtiment et les travaux publics.

 

Et pour les autres secteurs ?

Demain, je pense qu'il faut que l'on soit davantage présent sur le conseil et l'ingénierie. Pour cela, nous allons muscler les compétences de notre agence Côtes-d'Armor Développement qui offrira à toutes les entreprises des services totalement gratuits. Prenons le cas du CICE. Nous avons pris nos responsabilités en demandant à CAD 22 de mettre plusieurs de ses agents sur le terrain pour expliquer l'intérêt du dispositif.

 

Que vont devenir les aides directes comme Créarmor, Innovarmor, etc. ?

Nous sommes en plein arbitrage mais il est clair que je veux sortir de cette logique de guichet pour aller vers un volume de crédit basé sur l'opportunité, au cas par cas et libre d'affectation. Innovarmor et Créamor pourraient rester des outils de ce fonds global qui mettra en avant l'innovation, les circuits courts, etc. Sur l'aide à l'amélioration des conditions de travail, je pense que nous ne poursuivrons pas. Idem pour la formation, matérialisée notamment par la Cité des métiers. Nous allons demander à la région de se substituer. Sur le soutien au conseil en agriculture, je m'interroge également.

 

Les entreprises en difficultés seront-elles concernées par ce fonds ? Des cautions bancaires comme l'a réalisé le CG 35 avec les battoirs AIM sont envisageables ?

Dans un tour de table global, mené avec nos partenaires, le coup de pouce du conseil général devra être déterminant dans la reprise de l'entreprise et le maintien de l'emploi. Cela pourra passer par de l'avance remboursable, des cautions bancaires, etc. mais pas uniquement. Par ailleurs, les services de conseil de CAD 22 seront tournés, encore plus qu'aujourd'hui vers, ces sociétés.

 

 

L'enveloppe globale baissera-t-elle ?

C'est possible même s'il est trop tôt pour le dire. Toutefois, l'arrêt de certaines politiques sera inscrit au budget 2014 avec des effets en biseau pour ne pas rendre les choses trop brutales. Et nous discuterons avec nos partenaires pour mettre en place les nécessaires transitions.

 

1,3 million d'euros par an pour conserver l'aéroport de Lannion, ce n'est pas trop ?

Est-ce que l'on pouvait faire autrement ? C'est là toute la question. J'ai évolué sur le sujet quand je me suis retrouvé face aux syndicats de salariés de Lannion qui défendent cet outil au nom de l'emploi sur le Trégor. Voilà pourquoi j'ai fixé une échéance à 2017.

 

Sans aucune remise en cause tous les ans ?

Nous avons demandé des contreparties à Hop ! Nous ne les avons pas encore toutes eues. Il est clair que sans ces assurances, notre soutien financier se reposera tous les ans. D'ailleurs, qui peut dire aujourd'hui que j'aurais en 2014 ou en 2015 une majorité pour voter ce soutien. Prenez l'aide au centre de formation d'En Avant de Guingamp. Il a fallu s'y reprendre à plusieurs fois pour convaincre ma famille politique. J'ai toutefois bien peur que nous soyons condamnés à aller jusqu'au bout.

  

Sur les concessions portuaires, êtes-vous déçu du peu de candidats ?

Sur la grande concession, l'absence d'une mise en concurrence de la CCI avec des opérateurs privés est décevante. Je n'ai rien à redire au travail de la chambre consulaire qui est un vrai partenaire, très performant. La concurrence aurait permis de mettre un peu d'émulation, de tirer les projets encore plus vers le haut.

  

Le choix de confier Pontrieux à La Lyonnaise des Eaux n'est pas anodin ?

Leur réponse était sans doute meilleure. Les élus locaux du secteur y ont été très sensibles. Après, il faut faire attention à l'équilibre et à l'ancrage local. Pour les vedettes de Bréhat, nous aurions pu confier la gestion à un autre prestataire, européen notamment. Nous avons préféré reconduire le délégataire en place, même si sa proposition était plus chère, car il avait la volonté d'entreprendre sur le territoire. Ce choix a été pertinent puisque depuis un hôtel avec 33 salariés a été construit.

 

TBI, Emulbitume, etc. Plusieurs entreprises ont récemment migré vers Rennes. Ces départs sont-ils une fatalité en terme d'attractivité ?

Je ne balaie pas ces départs d'un revers de main. Toutefois, on ne va pas se le cacher, notre département est dynamique et attractif mais les trois autres restent devant. Pour être rationnel, j'aimerais savoir, sur une période de 10 ans, combien d'entreprises sont parties, combien sont arrivées et en connaître les raisons. Dans le cas spécifique de TBI, cela me fait mal au coeur car j'ai contribué à sa venue sur mon canton il y a 20 ans. Le nouveau dirigeant a fait un choix de vie pour son confort personnel. Je le regrette.

Propos recueillis par Julien Uguet, Journal des Entreprises.

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Adhérent au Parti socialiste en 1975, devenu maire de Plénée-Jugon en 1977, je suis président du Conseil Général des Côtes d'Armor depuis 1997 ainsi que président de l'Assemblée des départements de France depuis 2004.

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