Une sécurité civile déconcentrée et décentralisée, gage de réussite et d'efficacité par Claudy Lebreton
16 oct
J'ai participé récemment, à Avignon, au congrès de la Fédération des Sapeurs-pompiers de France. Lors du débat sur la future réforme territoriale, j'ai été stupéfait — mais pas surpris—, d'entendre des propos plébiscitant un « nécessaire retour de l’État jacobin » en matière de sécurité civile. Des propos exprimés par des intervenants, et non des moindres : parlementaires, ministre et responsables de la FNSPF …
Depuis 1982, je pensais que l'idée de la décentralisation avait fait son chemin, que nos concitoyens étaient convaincus de ses bienfaits, que les hauts fonctionnaires en avaient admis tout l'intérêt, et que les élus étaient totalement acquis à cette conception de l'organisation de notre République. Tout ce chemin parcouru depuis tant d'années, remis en cause par des arguments d'un autre âge...
Je mesure la gravité des temps actuels, la peur du monde qui vient, la crainte des déclassements, de la crise économique, sociale et financière... Nous faisons face à des questionnements d'une ampleur jamais égalée. J'en mesure l'importance. Mais je me refuse à la résignation et au renoncement.
La peur de l'avenir, lorsqu'elle tétanise les citoyens, peut favoriser toutes sortes de tentations. L'attente fébrile de l'Homme providentiel qui fixerait le cap, qui mobiliserait les foules, qui entraînerait les élites, et sortirait notre pays de l'angoisse et du pessimisme.
Quand un pays a peur à ce point, quand il ne croit plus à son avenir, quand il demande à être rassuré, alors il est prêt à se jeter dans les bras de l'inconnu.
Ou il se retourne vers un passé mythifié. La tentation du retour de l’État en est le symptôme le plus évident. L’État, paré de toutes les vertus,et de toutes les puissances. Il serait donc le garant de nos espoirs rêvés ?
Alors que depuis 30 ans, nous avons porté le projet, et construit l'édifice, d'une vraie démocratie de proximité en mobilisant l'engagement de femmes et d'hommes dans nos communes, nos départements et nos régions, au service de l'intérêt général !
Ce pari de la démocratie locale a permis le développement des services publics de proximité partout en France, des espaces ruraux aux milieux urbains. Certes, il reste encore beaucoup à faire pour éradiquer peu à peu toutes les injustices. Mais c'est toujours la voie de la démocratie, en France comme en Europe, qui porte cet espoir de renouveau et non l'étatisme exacerbé ou le recours à l'Homme providentiel qui se traduit trop souvent le despotisme ou la dictature.
J'attends, de l'État, qu'il se montre capable d'appuyer une démocratie équilibrée, porteuse de responsabilités exercées par des citoyens au plus près de leurs préoccupations et de leurs attentes.
Je crois désormais beaucoup plus à la mobilisation des femmes et des hommes attachés à leurs territoires qui agissent et innovent pour organiser le vivre ensemble.
Aussi, quel plus bel exemple que ces femmes et ces hommes qui s'engagent et deviennent « volontaires » parmi les sapeurs-pompiers de nos territoires, portant secours en tout temps et en tout lieu à nos compatriotes.
En retour, quelle organisation pourrait être plus pertinente que celle qui voit des élus départementaux, bien connus par la population, assumer les compétences de gestion et d'organisation des secours aux personnes avec des maires et les préfets. Ces derniers, apportent le concours d'un État solidaire qui parie sur les capacités des forces créatrices et responsables de nos territoires. Alors oui à une sécurité civile déconcentrée et décentralisée, gage de réussite et d'efficacité !
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