8 mars, journée internationale des droits des femmes par Claudy Lebreton
08 mar
Comme chacun sait, le 8 mars est la journée internationale des droits des femmes. C'est en 1977 que l'ONU a officialisé cette journée, invitant chaque pays à la célébrer. En France, elle fut instituée par le gouvernement socialiste de Pierre Mauroy en 1982 : nous en célébrons donc aujourd'hui le 30e anniversaire.
L'idée d'une journée internationale des femmes a été proposée pour la première fois lors de la 2e conférence internationale des femmes socialistes, qui s'est réunie en 1910 à Copenhague. Les participantes revendiquaient l'égalité des droits, et notamment le droit de vote pour les femmes, ainsi que l’amélioration de leurs conditions de travail. C'est la socialiste allemande Clara Zetkin (1857-1933) qui en est à l'initiative.
Faut-il célébrer une journée internationale des droits des femmes ? Le débat existe au sein même des milieux féministes.
Pour celles et ceux qui y sont opposé-e-s, une telle journée aurait tendance à "ghettoïser" les femmes et à les enfermer dans un rôle de "victimes". Ainsi, selon Lydia Guirous, fondatrice de l'association Future, au féminin, "le fait qu’il n’y ait qu’une journée de la femme par an, sous-entend que toutes les autres sont des journées de l’homme". Selon elle, "cette journée dessert les femmes, elle n'est rien moins que condescendante et infantilisante" ; en outre, elle "augmente les clichés sur les femmes (vulnérable, faible, fragile,) et ne les encourage pas à entreprendre, avancer et oser exploiter les opportunités"
Cette opinion n'est toutefois pas la plus répandue au sein des militant-e-s féministes, qui insistent sur le fait que cette journée a au moins le mérite de mettre en lumière les inégalités persistantes entre femmes et hommes, et de contribuer à faire avancer leur cause. Ainsi, Yvette Roudy, qui fut ministre des droits de la femme de 1981 à 1986, a expliqué l'importance de la communication pour préparer l'opinion et faire passer sa loi sur l'égalité professionnelle au Parlement.
Si des progrès considérables ont – heureusement – été accomplis au cours des dernières décennies, nous savons tous que des inégalités injustifiables persistent encore entre hommes et femmes au sein de notre société, et notamment au niveau des situations socio-professionnelles. Ainsi, la grande majorité des travailleurs précaires sont précisément des travailleuses précaires : environ 80 % ! Le temps partiel concerne 30 % des femmes, contre seulement contre seulement 7 % des hommes.
En outre, les femmes gagnent, en moyenne, 25 % de moins que les hommes. Et cet écart ne se réduit presque plus, ou alors très lentement. Trop lentement. Cela est d'autant moins compréhensible et acceptable que les femmes ont désormais un niveau d'éducation et de formation équivalent, et même supérieur à celui des hommes.
La conjonction de ces facteurs inégalitaires fait que les pensions de retraite des femmes sont presque deux fois inférieures à celles de hommes : environ 800 € contre près de 1500 €.
Les progrès sont également très lents en ce qui concerne la représentation politique : si les assemblées régionales et municipales (dans les communes de plus de 3 500 habitants) sont désormais paritaires, la féminisation est particulièrement faible au niveau du Parlement – l'Assemblée nationale (18 % de femmes) étant encore pire que le Sénat (22 %) ! – et… des conseils généraux.
Avec 25 % d'élues, le Département des Côtes d'Armor fait figure de très bon élève. C'est bien sûr très insuffisant, car je considère que les collectivités doivent être exemplaires en la matière. C'est pourquoi, j'ai voulu que l'exécutif départemental soit composé à parité de femmes et d'hommes – la première vice-présidence étant occupée par Monique Le Clézio. Idem dans la structure administrative où les femmes occupent désormais 50 % des postes d'encadrement, y compris au sein de la direction générale – avec notamment une directrice générale des services.
A l'échelle nationale, François Hollande s'est engagé, s'il est élu, à s'attaquer de front à ces injustices, en commençant par faire adopter une loi qui "sanctionnera les entreprises qui ne respectent l'égalité des carrières et des rémunérations", notamment par la suppression des exonérations de cotisations sociales. Un ministère des droits des femmes verra le jour et aura pour but de veiller au respect de cette loi. S'agissant du Parlement, les sanctions financières pour les partis politiques qui ne respectent pas la parité, seront très nettement alourdies. Et bien entendu, le gouvernement sera composé d'un nombre égal d'hommes et de femmes.
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