La République des Territoires

"Les élus locaux sont extrêmement stressés par leurs finances" par Claudy Lebreton

20 fév

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Egalite_4398Dès 2014, l'ensemble des communes, départements et régions sera amputé de 1,5 milliard d'euros d'aides. Le socialiste Claudy Lebreton, président de l'Assemblée des départements de France, se fait l'écho des «inquiétudes» et de «l'incompréhension» des collectivités locales.

Par LILIAN ALEMAGNA
 

Communes, départements et régions sont priés de suivre un régime drastique. Après la confirmation du gel des dotations de l'Etat aux collectivités locales en 2013, le gouvernement a annoncé la semaine dernière au Comité des finances locales (CFL) une baisse de 1,5 milliard d'euros d'aides en 2014 et autant en 2015. Président de l'Assemblée des départements de France (ADF) et à la tête du conseil général (bientôt rebaptisé conseil départemental) des Côtes-d'Armor, le socialiste Claudy Lebreton prévient le gouvernement: «Trop c'est trop».

Comment avez-vous accueilli la baisse des dotations de l’Etat aux collectivités locales annoncée par le gouvernement?

Le mieux aurait quand même été de nous réunir pour en discuter… L’ADF et le gouvernement ont constitué un groupe de travail pour trouver des financements pérennes et durables pour les allocations de solidarité dont nous avons la charge (RSA, allocations personnes âgées, prestation de compensation du handicap..., ndlr). Or, là, on nous annonce qu’il va falloir, avec les communes et les régions, mettre de nouveau la main au portefeuille. Cette dichotomie dans la méthode est insupportable. On aurait pu nous demander comment on était prêts, tous ensemble, à faire des efforts. Non… ça nous est arrivé comme ça. Je dis trop c’est trop.

Mais en période de crise, il est normal de demander aux départements de faire des efforts, non?

Bien sûr. Mais les budgets des départements, ce sont 73 milliards d’euros. Lorsqu’on enlève les 13 milliards de dépenses d’investissements, il reste 60 milliards en fonctionnement. Qu’y a-t-il dans ces 60 milliards? 10 milliards de masse salariale et 35 milliards de dépenses d’action sociale. Il reste 15 milliards qui servent notamment à financer des casernes de pompiers, des collèges, les politiques d’emploi, à la jeunesse, les aides aux communes... Tout le champ du sport et de la culture peut se retrouver amputé. Et derrière ça, ce sont des centaines de milliers d’emplois dans des associations… La Cour des comptes est d’ailleurs plutôt positive sur les départements.

Sous la droite, vous aviez critiqué le gel des dotations. La gauche les baisse carrément…

C’est vrai que mes amis socialistes ont déjà doublé l’ardoise. Je suis réaliste et je suis conscient de l'état des finances du pays. Mais les choses sont très contrastées! Les assurances vie et les économies des Français, c'est plus de 3,5 milliards d’euros dans les bas de laine. Aujourd’hui, il faut être capable de jouer sur le levier des économies à rechercher et une fiscalité plus juste pour l’ensemble des Français. Par exemple, l’allocation pour personnes âgées (APA) est aujourd’hui distribuée à toutes les catégories sociales. Demain, cette aide ne pourrait-elle pas être réservée sous condition de ressources? Il faut aussi éviter les doublons entre collectivités et entre les collectivités et l'Etat. Recherchons tous azimuts ce qui peut nous permettre de mutualiser les ressources humaines et financières pour plus d’efficacité.

La loi attendue sur la décentralisation met du temps à arriver… N’est-ce pas aussi parce que l’on veut faire plaisir à tout le monde?

La question est plutôt: la nouvelle loi conduira-t-elle à une meilleure efficacité des administrations et une égalité entre les territoires? Cette réforme doit être faite d’abord pour nos habitants et pas pour les élus de telle ou telle collectivité.

On sent tout de même une grogne monter chez les élus locaux…

De fait, les élus sont extrêmement stressés par leurs finances, mais au-delà, par la situation économique et sociale du pays. Ils sont en première ligne. Or, ils ont l’impression qu’on ne leur facilite pas la tâche: baisse des dotations, mise en place des emplois d’avenir, des nouveaux rythmes scolaires, inflation des normes… C’est sûr qu'à un moment, il va y avoir des incompréhensions. La grande réforme de la fiscalité locale était annoncée : on n’en voit pas la moindre ligne. Il y a des inquiétudes c’est sûr. De l’incompréhension, c’est confirmé. De la colère? On n’en est pas loin…

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Adhérent au Parti socialiste en 1975, devenu maire de Plénée-Jugon en 1977, je suis président du Conseil Général des Côtes d'Armor depuis 1997 ainsi que président de l'Assemblée des départements de France depuis 2004.

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