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Et si nous évitions les idées reçues ? par Claudy Lebreton

07 sep

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Un-nouvel-acte-de-decentralisationDans une tribune publiée le 4 septembre dans le journal Libération, Bernard Guetta demande à François Hollande de cesser ses atermoiements et de prendre enfin des décisions d'"homme d'Etat", au premier rang desquelles figure la suppression des départements. Cette opinion est parfaitement légitime, mais je ne surprendrai personne en disant que je ne la partage pas.

Qu’une meilleure répartition des responsabilités entre les différentes collectivités territoriales et surtout un effort de clarification soient indispensables, je n’en disconviens pas et avec moi l’immense majorité des conseillers généraux qui représentent mieux que quiconque le pays réel.

Mais ce qui me frappe à la lecture de ce texte, tout comme, d'ailleurs, dans toutes les prises de position demandant la suppression de l'échelon départemental, c'est qu'on évite soigneusement de répondre à cette question : pourquoi ? Oui, en effet, pourquoi supprimer les départements ? Font-ils du mauvais travail ? Sont-ils régulièrement épinglés pour leur mauvaise gestion ? Dilapident-ils l'argent public ?

Pour ma part, je n'ai encore jamais lu ou entendu d'analyses ou d'études allant en ce sens. Mais peut-être Bernard Guetta, éminent spécialiste des questions internationales, en sait-il plus qu'il ne l'écrit ? Dans ce cas, je suis tout à fait disposé à entendre ses arguments, qui pour l'instant sont inexistants. Il est en effet un peu décevant de la part d'un journaliste, dont par ailleurs j'apprécie souvent les chroniques (habituellement bien davantage étayées), de relayer, sans le moindre début d'explication ou de justification, une telle idée reçue, largement diffusée, il est vrai, dans les milieux parisiens. Mais je conçois que l'on ait pas le même point de vue sur les départements dans le 3e ou le 16e arrondissement de Paris (commune qui est également un conseil général) que dans des territoires comme la Corrèze ou les Côtes d'Armor…

Alors, certes, aucune institution humaine n'est éternelle, les départements pas plus que les autres. Mais si ceux-ci devaient disparaître, qui serait alors en charge de distribuer les allocations de solidarité (APA, PCH, RSA) ? Qui serait chargé d'entretenir les 400 000 km de routes départementales ? Qui se chargerait de la construction, de la rénovation et de l'entretien des collèges ? Qui s'occuperait du transport scolaire et de la desserte des territoires ruraux ? Qui organiserait l'aménagement solidaire du territoire, permettant aux petites communes d'avoir accès, elles aussi, à certains équipements ?

D'autres pourraient peut-être le faire. Mais le feraient-ils mieux et/ou pour moins cher ? Jusqu'à présent, cela n'a pas été démontré. Et au risque de faire preuve d'immodestie, je doute que cela le soit prochainement… Car la réalité objective est celle-ci : plus on évoque, dans certains milieux, la suppression des départements, plus ceux-ci se voient confier des responsabilités.

Ceux qui ont décidé ces transferts étaient-ils irresponsables ? Ou alors, se pourrait-il qu'au cours de ces trente années de décentralisation – qui constitua une avancée majeure pour la démocratie et les libertés locales dans notre pays –, les départements aient fait la démonstration de leurs compétences, de leur solidité et de leur savoir-faire ? Voilà un élément de réflexion que je soumets à Bernard Guetta, et à d'autres. En tout état de cause, je serai ravi de pouvoir en discuter avec lui. Sérieusement.

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Adhérent au Parti socialiste en 1975, devenu maire de Plénée-Jugon en 1977, je suis président du Conseil Général des Côtes d'Armor depuis 1997 ainsi que président de l'Assemblée des départements de France depuis 2004.

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