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Internet et démocratie par Claudy Lebreton

22 fév

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Kreizenn_dafarJ'assistais, samedi dernier à Saint-Brieuc, à une conférence sur le thème "Printemps arabe, Internet et démocratie", organisée par l'association Kreizenn Dafar, dont l'objectif est de faciliter l'échange et le partage d'informations et de connaissances sur les technologies de l'information et de la communication.

Cette conférence était très intéressante et très instructive pour le citoyen du net que je suis. Les différents intervenants avaient pour point commun leur combat pour la liberté d'expression sur Internet. Nicolas Diaz représentait la Fédération Internationale des Droits de l'Homme (FIDH) ; Benjamin Bayart, le président de l'association French Data Network (FDN), plus ancien fournisseur d'accès à Internet en France, était également présent.

Par ailleurs, deux "hackers", membres du collectif Telecomix, nous ont exposé leurs actions de soutien aux révolutionnaires arabes. Ils nous ont notamment expliqué comment, après la coupure des réseaux ADSL par Hosni Moubarak, ils ont aidé les blogueurs et internautes égyptiens à se connecter à Internet (en bas débit), grâce à de vieux modems téléphoniques.

En Syrie, les "hacktivistes" enseignent aujourd'hui aux utilisateurs d'Internet à se protéger de la répression sanglante mise en œuvre par Bachar El-Assad en "anonymisant" leurs connexions. Ainsi, en septembre dernier, Telecomix a réussi à détourner une grande partie des connexions du web syrien et à les rediriger vers une page contenant des conseils pour contourner la censure et ne pas se faire identifier.

Ces militants nous ont aussi expliqué que la situation de la liberté d'expression sur le net, bien que n'étant en rien comparable avec ce qu'il se passe aujourd'hui en Syrie, n'était pas non plus idéale en Europe et aux Etats-Unis, tant s'en faut. Ils nous ont invités à être vigilants, notamment s'agissant de l'ACTA (Anti-Counterfeiting Trade Agreement, accord commercial anti-contrefaçon), qui est censé être une réponse à « l’augmentation dans le commerce international des contrefaçons et des produits sous copyright piratés ». Ce traité a été signé par l'Union européenne le 26 janvier, mais il n'a pas encore été ratifié par le Parlement européen.

Si la lutte contre la contrefaçon est légitime, et même nécessaire, la réglementation prévue par cet accord serait extrêmement sévère, pour ne pas dire liberticide, réprimant des activités aussi banales que le partage d'un article sur Internet.

Par ailleurs, l'ACTA pourrait aussi conduire à l'interdiction de médicaments génériques de premier secours et menacer l'accès des agriculteurs aux semences dont ils ont besoin. 

Et plus incroyable encore, le traité prévoit la création d'un "comité ACTA", instance non élue (et dont on ne connaît pas aujourd'hui la composition), qui aurait carte blanche pour modifier ses propres règles et sanctions, sans aucun contrôle des parlements nationaux. En clair, on demande aux parlementaires européens, qui doivent examiner ce texte le 1er mars, de signer un véritable chèque en blanc !

Scandalisé par le manque de transparence qui a caractérisé les négociations, auxquelles les sociétés civiles n'ont nullement été associées, et par la mise à l’écart des revendications du Parlement européen, l'eurodéputé socialiste Kader Arif, rapporteur du texte, a choisi de démissionner pour dénoncer ce qu’il décrit comme une « mascarade ».

Le Parti socialiste européen a, quant à lui, appelé à signer la pétition en ligne contre la ratification de l'ACTA, qui a déjà recueilli plus de deux millions de signatures.

Cet épisode vient nous démontrer, s'il en était besoin, que le combat pour la liberté et la démocratie ne prend jamais fin.

Commentaires

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vignette pour Jean T.

L'importance du rôle d'Internet dans la circulation de l'information est désormais une évidence dont on ne peut que se réjouir. Reste que des tentatives de brider cette liberté sont à l'oeuvre et que de puissants lobbys seraient bien aise d'imposer des filtrages sur le Net, et même d'établir des frontières numériques. En outre, il suffirait à quelques mastodontes de breveter toute l'informatique pour qu'une dictature numérique s'installe.
Aussi, Costarmoricains militants pour les logiciels libres, serions-nous honorés que le Conseil général prennent position en leur faveur, et rejoigne une association militant pour les libertés numériques, en devenant -par exemple- membre de l'APRIL...

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Adhérent au Parti socialiste en 1975, devenu maire de Plénée-Jugon en 1977, je suis président du Conseil Général des Côtes d'Armor depuis 1997 ainsi que président de l'Assemblée des départements de France depuis 2004.

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