Claudy Lebreton

J'ai participé, hier à Plérin, à l'inauguration des nouveaux locaux de la coopérative d'activités et d'emploi Avant-Premières : cette structure accompagne les personnes qui souhaitent tester la viabilité de leur projet avant de créer juridiquement leur propre entreprise. Sous couvert de la coopérative d’activités, le porteur de projet peut effectuer tous les actes de commerce nécessaires à son activité. Il est autonome mais accompagné par des professionnels de la création d’entreprise. A la différence des structures d'accompagnement traditionnelles, les porteurs de projets sont salariés d'Avant-Premières pendant une année.

Entre 2005 et 2010, Avant-Premières, qui est fortement soutenue par le Conseil général, a accompagné 240 porteurs de projet ; le taux d'emploi, à l'issue de la période dans la coopérative, s'élève à 62 % : 44 % des personnes ont créé leur entreprise et 16 % ont trouvé un emploi. Fin 2010, 87 % des entreprises créées par des personnes passées par AP étaient toujours en activité. C’est donc un système qui fonctionne, et qui fonctionne bien.

Avant-Premières est un acteur de ce qu'on appelle l'économie sociale et solidaire (ESS) ; coopératives, mutuelles, associations, fondations, syndicats constituent ce "tiers secteur" (à côté du secteur marchand et du secteur public et parapublic), qui représente 10 % de l'emploi salarié en France. Davantage encore en Bretagne et dans les Côtes d'Armor : notre département est en effet le 5^e de France en terme de poids de l'ESS dans l'économie (2 500 établissements employant 27 000 salariés) et même le premier pour le poids des coopératives. Cela est dû, en partie, à la forte présence des coopératives bancaires et agroalimentaires sur notre territoire.

Le Conseil général est le premier partenaire de l'ESS sur les Côtes d'Armor, et même, directement ou indirectement, le premier employeur de ce secteur : outre les 600 assistants familiaux, salariés du Conseil général, les financements de la collectivité départementale aux établissements et services prestataires à domicile représentent environ 6 200 emplois, dont 3 200 en EHPAD et 1 700 pour l'aide au maintien à domicile. Nous cofinançons également près de 400 emplois associatifs locaux.

Egalité, solidarité, recherche du bien-être collectif et du vivre ensemble : l'économie sociale et solidaire place l’homme au centre de l’économie et réhabilite l'esprit collectif.

Certes, tout comme "on ne fait pas de bonne littérature avec de bons sentiments" (André Gide), il ne suffit pas d'être animé de bonnes intentions pour faire de la bonne politique. Mais à l'heure où le capitalisme connaît sa plus grave crise depuis celle de 1929, la réussite, qui se confirme jour après jour, de l'économie sociale et solidaire nous montre qu'une autre voie est possible. Je suis pour ma part convaincu qu'il nous faut bâtir un autre modèle de développement qui ne soit pas uniquement fondé sur la recherche immédiate de profits déraisonnables – en un mot : la cupidité – mais centré sur l'humain, son bien-être, et l'intérêt de la collectivité. Cet idéal, que certains ont cherché à ringardiser au cours des dernières décennies, est plus que jamais d'actualité.