Claudy Lebreton

Hier après-midi se tenait, dans les locaux du Conseil général, la première conférence des Autorités Organisatrices des Transports (AOT). Y participaient des représentants de la Région Bretagne, dont les transports constituent une compétence importante, des Départements, qui ont en charge le transport scolaire mais aussi l'entretien des routes départementales, et de plusieurs communautés de communes ou d'agglomération ; des représentants du monde de l'entreprise étaient également présents : CCI, Chambre de Métiers…

Les modes de vie contemporains ont tendance à accroître la mobilité des personnes, et notamment l'augmentation des distances domicile-travail. Depuis trente ans, la mobilité des voyageurs a doublé en France. Le développement de nouvelles formes d'emploi (temps partiel, CDD…) et l'explosion du coût du foncier, qui a conduit à un étalement urbain, ont contribué à l'augmentation de la mobilité.

Notre département des Côtes d'Armor se caractérise, quant à lui, par une organisation spatiale polycentrique (14 communes de plus de 5 000 habitants), qui nécessite une grande mobilité : en effet, dans notre département, 7 actifs sur 10 travaillent en dehors de leur commune de résidence et les trajets domicile-travail sont de l'ordre de 15 km en moyenne.

Mais cet accroissement de la mobilité et cette recherche permanente de la vitesse de déplacement se heurtent aujourd'hui à certaines limites, en premier lieu l'épuisement des ressources énergétiques : le "peak oil", le pic de production de pétrole sera atteint d'ici quelques années. C'en sera alors fini de l'énergie – relativement – bon marché : le coût des transports va augmenter de façon très sensible et d'ores et déjà, certaines catégories de la population (notamment les plus modestes) doivent réduire leurs déplacements, ou modifier leurs comportements, en raison de l'augmentation du prix de l'essence.

Nos sociétés doivent se préparer à ce choc énergétique, sous peine de connaître de graves problèmes de tous ordres, y compris sociaux, voire politiques. Il nous faut donc repenser notre façon de nous déplacer, et, sans doute aussi, notre façon de vivre. Revenir à une société de l'immobilité, comme celle qui existait avant la révolution industrielle est bien entendu impossible. Il faut au contraire innover, sur le plan technique et sur le plan de notre organisation sociale et spatiale.

Il ne s'agit pas d'interdire le mode routier, mais de le gérer et l'utiliser de manière plus intelligente et plus efficace. Outre l'aménagement de nombreuses aires de covoiturage et l'organisation des transports interurbains (Tibus), le Conseil général s'est engagé dans des actions fortes en faveur de ce que l'on appelle la "multimodalité", c'est-à-dire l'utilisation de plusieurs modes de transport pour un même trajet (voiture + train, par exemple).

Ainsi, le Département a mis en place une Centrale de mobilité, qui donne des informations à la fois sur Tibus, les transports urbains, le TER, la SNCF, et le covoiturage. Bien entendu, tous ces modes de transports ne sont pas gérés par la même autorité. C'est pourquoi il convient d'améliorer et de développer "l'interopérabilité" entre les différents services de transports (Tibus, TER, STAR, Illenoo..) : l'objectif est de faire en sorte qu'une seule carte permette d'accéder à ces différents modes de transport. Il nous faut aussi arriver à une tarification et à une information harmonisées, pour qu'au final cela devienne facile et naturel pour un usager d'utiliser plusieurs modes pour un même déplacement.

Une meilleure coordination et une concertation permanente entre AOT sont, par conséquent, absolument nécessaires. Tel était l'enjeu de la conférence organisée hier à l'initiative du Conseil général.